Le 5 juillet 1962,
Oran
Oran
Témoignage de son épouse Mélanie Prieto.
Mon époux, Grégoire Prieto, a été enlevé, ainsi qu’un ami douanier, à hauteur du cinéma Rex à Oran. Ils étaient de retour de leur travail au port.
Malgré les recherches de leur administration, nous n’avons pas eu de détails sur leur « devenir ». Je passe ici toutes les angoisses, les voyages en Suisse auprès de la Croix-Rouge, afin que la lumière se fasse. Rien n’a été mené jusqu’au bout. Le silence ordonné par le gouvernement en place a été suivi avec rigueur et lâcheté.
J’ai fourni deux dossiers : un à Bordeaux, où un service de recherches avait été créé, sans suite par ailleurs, car hélas ! la motivation des rapatriés était loin de cette situation. Il est vrai que chacun devait s’installer et parfois avec de grosses difficultés, ce qui est peut-être le peu d’intérêt que ces « disparus » ont eu pour les associations de rapatriés dans l’ensemble. Ne croyez surtout pas que cela est dit avec critique, mais cette indifférence fait mal. Les familles seules, ne pouvaient lutter ni s’opposer durant ces longues années à des lois ignorantes de la douleur. Mon époux avait quarante ans. Père de famille de trois enfants. Que penser des lâchetés des gouvernements successifs qui ont ignoré ces martyrs innocents ? Je m’insurge lorsque j’entends à la télé que des psychologues accourent auprès des familles aux moindres événements afin de les aider. Où étaient ces mêmes psychologues lors du drame du 5 juillet ? Je reste à votre disposition, pour apporter des précisions, afin que la lumière se fasse et que mes enfants et moi, malgré les années, nous puissions faire « notre deuil ».