Cherchell
Témoignage de son cousin, Gérard D’Alnoncourt.
Par deux fois, au mois de juillet 1962, Jean Carrière avait été capturé par des « incontrôlés ». La première, dans le Tunnel des Facultés, la deuxième sur la route de Cherchell et libéré par des patrouilles françaises. La troisième fut la « bonne ». Sa femme et son fils qui vivent en Espagne à Valence, possèdent un épais dossier sur cette affaire, qui a duré sept ans de recherches et d’espoir…
Fils de Pierre Carrière, pharmacien à Hussein-Dey et de Simone Casanova, habitant le Télemly. Marié en 1961 à Julia Estéva Greus à Valencia (Espagne). Enlevé le 1er août 1962, dans sa ferme, dite « Ferme Faizan » à Cherchell, où il venait apporter la paie des ouvriers. Son fils, Jean-Pierre est né à Valencia, le 4 août 1962, soit quatre jours après son enlèvement. Déclaré décédé le 30 novembre 1964 à El-Biar, par le tribunal de grande instance de la Seine. Recherché pendant sept ans par son père resté en Algérie, en fréquentant tous les milieux du pays après l’indépendance. Sa femme a participé aux recherches, rencontrant de hauts dignitaires, dont Boumédienne. Dans un rapport du 2e Bureau français, il est écrit : « Jean Carrière était attendu par le responsable F.L.N… Il fut arrêté, attaché, on lui enleva les lacets de ses chaussures. L’école fut vidée de ses élèves, et servit de tribunal pour le juger. Condamné à mort, on l’obligea à boire de l’essence et c’est en flammes qu’une rafale de mitraillette finit par l’abattre ». Une croix de 15 centimètres qu’il portait toujours sur lui, fut retrouvée sur un sentier de montagne au Chenoua. Son père paya des informateurs qui dirent l’avoir vu un peu partout en Algérie pendant sept ans, avant qu’il ne regagne lui-même la France, à Miramas, avec sa femme, sa fille et son deuxième fils.