Le 5 juillet 1962,
Oran
Oran
Témoignage de son frère Gaëtan Sanchez.
Je réponds à tes questions concernant la disparition de mon frère Pierre. Sache tout d’abord que, pour ma part, la dernière fois que je l’ai vu et qu’il m’a dit au revoir, c’était la veille de partir avec ce fameux « Plan Simoun ». Je suis donc parti le 5 juin 1962 à 6 heures du matin sur Istres et, très rapidement au 93e régiment d’artillerie de montagne à Grenoble. Francine, mon épouse, est restée sans nouvelles de ma part durant douze jours. Elle m’a écrit plus tard pour me dire que mon frère Pierre était venu lui dire au revoir, car il quittait Oran le lendemain à midi. Elle lui avait donné des affaires, du linge etc… car il devait venir me voir à Grenoble. Ses deux gosses et sa femme Olga étaient déjà à Marseille et l’attendaient. Le lendemain, il est venu voir ma mère en lui disant qu’il partait pour la France. Il était 9 heures du matin et il lui a dit qu’il devait faire une course chez un ami qui tenait un bar au quartier de la Gare et qu’il reviendrait lui dire au revoir. Voilà. La suite, tout le monde la connaît. C’était le 5 juillet, ma mère ne l’a jamais revu. Moi, je l’attendais aussi, mais je ne l’ai jamais revu. Mais le plus triste, c’est qu’il a laissé une femme jeune de 25 ans, un enfant de 2 ans et un autre de 6 mois qui n’a jamais connu son père. Mon frère, lors de sa disparition n’avait que 27 ans. Que dire de plus, sinon que, ma mère qui a aujourd’hui 87 ans croit toujours qu’il vit encore. Qui sait ? A-t-elle raison ? J’en doute. Enfin c’est une triste histoire…