Le 7 juillet 1962,
Aux environs de Mercier-Lacombe
Aux environs de Mercier-Lacombe
Témoignage de sa fille Paule Cambonie, née Montbertrand.
Enlevé le 7 juillet 1962 sur son lieu de domicile et de travail, ferme Nouille Hubert, située à environ 5 km de Mercier-Lacombe (direction Sidi-Bel-Abbès, département d’Oran), où il exerçait la profession de gérant de la propriété viticole agricole.
Circonstances de l’enlèvement.
Le samedi 7 juillet 1962, vers 14 heures, de très nombreux hommes armés du F.L.N. (au moins une cinquantaine), investissent la ferme à la recherche de M. Montbertrand. Celui-ci vient de terminer de payer les ouvriers. Il est aussitôt battu et torturé dans le but de lui faire avouer qu’il cachait des armes. M. Montbertrand leur fait remettre par sa fille son arme de poing qu’il détient légalement et précise à ses bourreaux qu’il n’y en a pas d’autres. En effet, trois jours avant les événements, il avait remis à la mairie trois fusils, que les autorités locales lui avaient prêtés pour la défense de la ferme en cas d’attaque par les rebelles. D’ailleurs, aucune arme n’a été trouvée après cinq heures de recherches par les assaillants. Vers 20 heures, ses tortionnaires l’emmenèrent dans un lieu indéterminé pour être paraît-il de nouveau interrogé. M. Montbertrand, ensanglanté, fut alors allongé sur le ventre, sous la banquette arrière d’un véhicule Opel volé à la ferme, trois individus se sont assis sur lui. Compte tenu de son état physique alarmant et du refus par ces bandits de lui prodiguer des soins avant son transport, il est à peu près certain qu’il avait cessé de vivre à l’issue du voyage. Ces atrocités se sont déroulées en présence de son épouse et de sa fille, elle-même battue. L’appartement a ensuite été pillé et saccagé.
Depuis ce drame, aucun organisme compétent, mis au courant des faits relatés n’a pu dire ce qu’est devenu M. Montbertrand. Il faut noter qu’au départ de cette bande, dont certains de ses membres voulaient exterminer toute la famille présente, la fille de M. Montbertrand a réussi à téléphoner (malgré les fils arrachés, le téléphone fonctionnait par intermittence), à la brigade de gendarmerie de Mercier-Lacombe pour demander assistance, n’ayant par ailleurs aucun moyen de locomotion à sa disposition pour se rendre à Sidi-Bel-Abbès avec sa mère et sa fille âgée d’un an. Les gendarmes ont refusé de se déplacer au motif qu’ils avaient des ordres pour ne pas intervenir. Ces personnes sont donc restées seules sans protection toute la nuit, angoissées à l’idée de voir le retour de ces bandits, comme ils l’avaient annoncé à leur départ. Ce n’est que le dimanche, dans la matinée, qu’un membre de la famille enfin prévenue a pu récupérer Mme Montbertrand, sa fille et l’enfant de cette dernière. Il est à souligner également que les militaires sollicités pour venir en aide ont aussi décliné leur participation à une quelconque recherche. Quant aux différents organismes auxquels la famille s’est adressée, notamment la gendarmerie, le sous-préfet et le consul général à Sidi-Bel-Abbès, la Croix-Rouge française, ainsi que la Croix-Rouge internationale, ils n’ont fait connaître aucun résultat probant des recherches (s’il y en a eu ?) réalisées.