Le 28 août 1957,
Aux environs d’Azazga
Aux environs d’Azazga
Témoignage de son frère, Roger Bonhomme.
Je vous transmets le dossier de mon frère Paul Bonhomme, disparu le 28 août 1957. Caporal-chef au 27e bataillon de Chasseurs alpins, près d’Azazga en Kabylie.
En revenant de passer sa visite médicale de libération, l’escorte est tombée dans une embuscade, et mon frère fut fait prisonnier par les rebelles. Il écrivit sous leur dictée une lettre à mon père, nous faisant savoir qu’il était prisonnier, ce qui nous redonnait espoir. C’est peut-être à la suite de cette lettre qu’un mandat d’arrêt a été délivré par la France, le considérant comme déserteur. Après plusieurs interventions de notre part, ni l’État français, ni la Croix Rouge Internationale ne nous ont été utiles. Mon père est mort de chagrin et nous n’avons jamais récupéré les affaires personnelles de mon frère. Il aura fallu quarante-cinq ans pour, qu’enfin, après l’intervention de l’U.M.A.C. de la Londe-les-Maures du Var et de l’Union Fédérale, nous recevions en date du 14-juin 2002, la notification que mon frère était mort pour la France, par décision du 10-décembre 1964 n°-788 MA/PC.7/EC. Voici le triste déroulement des faits concernant la disparition d’un être aimé, déshonoré et oublié par les autorités.
Lettre écrite par le disparu à son père (sous la dictée des rebelles du F.L.N.).
Cher Papa,
Il vous sera surprenant de lire une lettre que je vous écris du maquis… Ne vous inquiétez pas, je suis sain et sauf d’abord. Je voudrais bien vous raconter, comme je devine vos désirs et vos pensées, comment s’est passée ma mésaventure… De retour d’une opération, notre section fut attaquée en cours de route, précisément avant d’arriver au camp, par un fort contingent de l’Armée de Libération Algérienne (A.L.N.). Les premières rafales d’armes automatiques (ils disposent de plus de trois F.M. et de plusieurs armes semi-automatiques) furent très meurtrières. La puissance de feu dont ils disposaient avait interdit toute riposte de notre part. Plusieurs soldats furent atteints. Certains moururent sur le coup, d’autres furent grièvement blessés. Les survivants fuyaient sans pouvoir opposer la moindre résistance. Tapi à l’intérieur de mon camion, j’assistais à la fusillade, impuissant, interdit. Soudain, les hommes de l’Armée Algérienne firent assaut et dans un laps de temps très court, je me retrouvais prisonnier. Les maquisards m’intiment l’ordre de les suivre. J’étais étonné parce que je pensais être abattu sur le champ. Nos officiers nous l’avaient maintes fois affirmé. Eh bien, c’est faux… Je ne fus pas abattu. Au contraire, les hommes de l’Armée Algérienne, m’invitèrent dans un français correct à les accompagner pour être présenté à leur chef…